Alphabet pas bête
Sans lettres, pas de mots à écrire. Sans mots pas d’histoire à raconter. Le défi, ici, est de partir à la recherche de lettres pour posséder les mots qui raconteront. Pas facile, mais drolatique, d’enquêter d’une boîte à lettre à l’autre pour trouver ce qu’on cherche. En fin de compte, les mots, c’est rigolo.
Venus par des portes qui ne donnent apparemment sur aucun lieu, deux personnages clownesques se mettent en chasse d’un caractère disparu. Le A n’est plus là. Leur investigation est farfelue car le zébu n’a pas de A. Mais cela, à première regard, ils ne le savent pas, tralala.
Alors, pas à pas, ils papillonnent à travers un plateau théâtral qui aligne des cartons à objets. Leur peine, elle aussi, est perdue. Ils ont beau exhiber, déployer, installer, hisser, toujours pas de A. Du coup, ils en racontent des histoires, ils les illustrent, ils se déguisent, ils entrent et sortent, s’arrêtent et repartent. Ils vont même jusqu’à se masquer. En animal bizarre, voire en Elvis Presley (ce qui convient sans doute plus aux parents qu’aux gamins-gamines, même si c’est un comique bien assumé).
Pourtant, le spectateur, bien assis dans la salle, parfois, il le voit le A. Il apparait, s’échappe, s’évapore, se catapulte. Et nous voilà par conséquent revenus au temps du Guignol : comme le public d’alors, il se prend au jeu, soutient les protagonistes, leur dicte leur conduite, râle de son impuissance à changer le cours des choses.
Ça part dans tous les sens. Ça use de gadgets. Ça énumère et illustre des expressions en rapport avec des animaux. C’est un permanent foutoir foutraque où, quelquefois, on a l’impression d’un remplissage avec n’importe quoi pour que la salle en ait pour son argent. Qu’importe, c’est amusant, cocasse, avenant, réjouissant, caricatural, abracadabrant. Finalement très bon enfant.
Les deux comparses se donnent à cœur joie, contagieux qu’ils sont dans le plaisir qu’ils prennent. Et mine de rien ont donné une leçon sur le langage et la communication. Ont rappelé que jouer c’est capital pour se sentir bien, pour développer son imaginaire.