"Z'avez pas vu le A du Zébu?" un projet surréaliste qui fait déjà beaucoup parler de lui
Un projet surréaliste et audacieux de Fast asbl qui fait déjà beaucoup parler de lui. Entre autres grâce au grand talent d'Eno Krojanker.
Mais "Il est où le "A du Zébu ?". On n'a pas fini de se poser la question aux Rencontres théâtre jeune public tant ce projet, carrément audacieux, d'Anne-Cécile Massoni et de Fast Asbl séduit.
Il est vrai que le talent d'un comédien comme Eno Krojanker n'y est pas pour rien. Formé à l'excellente école du regretté Marcel Cremer, de l'Agora Théâtre, il a une manière d'entrer en scène, une expression, une physicalité, et un faux détachement qui, à eux seuls, racontent déjà une histoire. De l'ordre du théâtre.
Alors, autant l'écrire tout de suite, lorsqu'il soulève son masque de Zébu, il se passe d'emblée quelque chose de palpable. Il devient carrément irrésistible dans son imitation d'Elvis Presley, dont il porte le masque également.
Et l'on ne peut s'empêcher, à cet instant, d'imaginer les protagonistes attablés à la cuisine, ou affalés dans le salon, en train d'inventer une succession de situations au comique assuré.
C'est toute la richesse de la création collective, celle, ici, d'Anne-Cécile Massoni, qui donne à son partenaire une réplique à la hauteur, de Yannick Duret et d'Eno Krojanker.
L'argument, pourtant, est ténu.
Sur un plateau noir brillant délimité par des boîtes de Pandore, deux inspecteurs "illettrés" partent à la recherche du "A". Ils soulèvent les couvercles les uns après les autres, sortent d'une boîte, un bonnet comme un "B", de l'autre, une sirène gyrophare comme le "s", un petit poisson multicolore comme le xiphophore mais point de "A" à l'horizon. Les lettres trouvées donnent parfois prétexte à une saynète.
Apprendre à former des mots, jouer avec les lettres, donner vie au plateau, permettre aux objets de faire irruption, le tout de manière ludique, inattendue et millimétrée, tel est le fameux défi relevé par Fast Asbl.
Un projet casse-pipe et très réussi ici. C'est qu'il y a du Tati, du Raymond Queneau, un accent de surréalisme, et beaucoup de travail, dans cette inaccessible quête.